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Les Fagales
lundi 8 février 2010, par
Les arbres appartenant à l’ordre des Fagales ont en commun de posséder des pollens fréquemment allergisants.
Cette propriété commune provient d’une famille d’allergènes qui semble caractéristique des pollens de Fagales, les protéines PR-10 ou Bet v 1-like (= homologues de l’allergène Bet v 1 du bouleau).
Parmi les Fagales on distingue notamment deux familles botaniques : les Bétulacées et les Fagacées.
- Cette dernière comprend les chênes, les hêtres et les châtaigniers.
- Les Bétulacées sont divisées en Bétuloidées, avec le bouleau et l’aulne, et en Coryloïdées, avec le noisetier, le charme et le charme-houblon.
Le pollen de bouleau est le mieux connu sur le plan épidémiologique et moléculaire.
Mais des allergènes homologues à ceux du bouleau ont été caractérisés ou suggérés (réactions croisées) dans les autres pollens de Fagales.
Le tableau ci-après donne l’état des lieux pour les allergènes PR-10, les profilines et les polcalcines.
PR 10 (Bet v 1 like) | Profilines | Polcalcines (CaBP 2EF-hand) | ||
---|---|---|---|---|
Bouleau | Bet v | 1 | 2 | 4 |
Aulne | Aln g | 1 | 2 | 4 |
Noisetier | Cor a | 1.01 | 2 | |
Charme | Car b | 1 | 2 | X |
Châtaignier | Cas s | 1 | X | |
Hêtre | Fag s | 1 | 2 | 4 |
Chêne | Que a | 1 | X | X |
x = allergène présent mais pas de dénomination de type IUIS pour le moment
Les réactions croisées entre allergènes homologues de Fagales sont extensives . Elles ont principalement été vérifiées pour les PR-10.
On conçoit donc aisément qu’un patient pollinique au bouleau puisse présenter des tests positifs (TC, in vitro) pour l’aulne ou le noisetier.
Mais le contraire est vu également : ainsi dans une étude menée dans la région de Rome, dépourvue de bouleaux, tous les patients positifs en TC pour le bouleau étaient positifs pour le chêne et le noisetier .
D’ailleurs des mélanges "bétulacées" ou "fagales" sont parfois employés en partant du principe que la réactivité pour un tel groupe de pollens vaut notamment pour le bouleau.
In vitro, de très fortes corrélations sont vues entre bouleau et aulne (r = 0,97), mais également antre aulne et hêtre (r = 0,88) ou aulne et chêne (r = 0,90) dans les contrées où l’aulne est la principale Bétulacée .
Ailleurs, il a été montré que c’est Bet v 1 qui initie la réactivité à Aln g 1 (aulne) et à Cor a 1 (noisetier) .
La pollinose au bouleau peut-elle générer une pollinose à d’autres Fagales ?
- Quand les saisons polliniques sont bien séparées, un tel effet peut être visible. Cela est évoqué pour le chêne notamment .
- Quand les pollinisations sont synchrones, il n’est pas facile de distinguer les réactivités croisées des véritables sensibilisations. C’est le cas pour le charme-houblon (Ostrya carpinifolia) où pratiquement tous les patients positifs pour ce pollen sont positifs pour le bouleau.
Les pollens de Fagales s’inscrivent-ils dans un syndrome Fagales-aliments ?
Il est possible que dans des environnements où d’autres Fagales que le bouleau sont prévalentes on puisse observer une allergie alimentaire induite par la sensibilisation à des PR-10 autres que Bet v 1. C’est le cas au Japon pour l’aulne .
Pollen de charme
La situation est peut-être un peu différente avec le pollen de charme (Carpinus betulus) dans des régions où cet arbre est bien représenté.
- En Suisse une étude montrait 13 % de sujets réagissant au charme mais pas au bouleau .
- En Slovénie, un léger excédent de réactivité croisée était noté en faveur du charme comparativement au bouleau .
- La capacité immunogène de l’allergène PR-10 du charme, Car b 1, a été testée vis à vis de clones T Bet v 1-spécifiques : elle s’avère meilleure que celle de Cor a 1 (noisetier) ou d’Aln g 1 (aulne) et surtout que celle de Que a 1 (chêne) .
Cette gradation parmi les pollens de Fagales se retrouve plus ou moins dans l’incidence des pollinoses à tel ou tel pollen et dans les réactivités en TC ou in vitro.
Il pourrait être utile de tester Car b 1 plutôt que Bet v 1 dans un contexte d’exposition majoritaire au pollen de charme .
Pollen de chêne :
En Suède, tous les sujets Que a 1 positifs sont Bet v 1 positifs
Dans la région romaine, dépourvue de bouleaux, tous les TC positifs pour le chêne sont positifs pour le noisetier et la fréquence des TC positifs pour différentes Fagales est très supérieure en cas de chêne positif, comme le montre le tableau suivant :
% de TC positifs pour | en cas de TC positif pour | ||
---|---|---|---|
noisetier | noisetier et bouleau | noisetier et bouleau et chêne | |
Aulne | 0 | 16 | 56 |
Charme | 25 | 19 | 58 |
Hêtre | 0 | 6 | 55 |
Châtaignier | 0 | 4 | 29 |
La positivité pour le chêne ne traduit pas une sensibilisation particulière au chêne mais plutôt une sensibilité plus grande vis à vis des allergènes PR-10.
Cela a été observé ailleurs, les tests pour Bet v 1 étant plus souvent positifs chez les sujets positifs en TC pour un mélange de Fagacées .
De même, la mono-réactivité aux Fagacées était très rare dans une étude en Grande-Bretagne .
Malgré tout, il est possible que tester rQue a 1 plutôt que rBet v 1 soit plus pertinent dans un environnement dépourvu de bouleaux car Que a 1 n’a que 58% d’identité avec Bet v 1 .
Pollen de noisetier
Quel impact pour le pollen de noisetier ?
En dehors d’une pollinose clairement distincte temporellement avec le bouleau, le noisetier peut-il favoriser ou générer une pollinose à d’autres Fagales, à l’image de la pollinose au bouleau ?
Dans les régions où bouleau et noisetiers sont présents tous les deux, il est habituel d’observer des réponses in vitro supérieures pour le bouleau et des réactions croisées plutôt en faveur du bouleau.
Van Ree donne un rapport noisetier/bouleau in vitro de 0,53 contre 1,02 pour aulne/bouleau, l’aulne étant botaniquement plus proche du bouleau que n’est le noisetier .
Mais ces résultats in vitro sont insuffisants pour en déduire un effet in vivo.
Sans être spécifiquement démontré, on peut s’attendre, néanmoins, à ce qu’une sensibilisation au noisetier joue un rôle de "starter" pour le bouleau qui est proche immunologiquement et qui le suit dans l’ordre des émissions polliniques.
Une autre question serait : quel risque de développer une pollinose au bouleau ont des patients qui se sont sensibilisés au noisetier dans leur pays d’origine ?
- Cela n’est pas négligeable quand des taux de 80 % de TC positifs noisetier en Espagne ou de 13% de TC positifs uniquement pour le noisetier à Rome sont relevés hors de tout contact avec des bouleaux.
- Même si une partie de cette réactivité cutanée est à attribuer aux profilines et/ou polcalcines dans les cas de poly-pollinose, une réactivité pour Bet v 1 (c’est-à-dire en fait pour Cor a 1 du noisetier) est présente chez de nombreux patients .
- Un patient ayant cette sensibilisation vis à vis de Cor a 1 semble donc prédisposé à développer une réactivité au bouleau s’il vient à être en contact avec ce pollen.
Pollen de châtaignier
La situation du pollen de châtaignier au sein des Fagales a été moins bien étudiée.
Le pollen de châtaignier a le désavantage d’être émis a une période où les graminées ont le devant de la scène.
Ce pollen semble, malgré tout, avoir une allergénicité modeste car dans des régions où il est fortement présent la prévalence d’une positivité en TC reste faible (7-8 %) .
Ailleurs, la réactivité croisée entre la PR-10 du châtaignier (Cas s 1) et Bet v 1 est très en faveur de Bet v 1 , montrant Cas s 1 plutôt comme un épiphénomène d’une sensibilisation au bouleau.
Pollen de hêtre
On possède peu de données concernant le pollen de hêtre sur le plan clinique.
Si des différences de contenus en protéines sont vues entre hêtre et bouleau en SDS-PAGE, les réactivité croisées entre ces deux pollens s’étendent des PR-10 aux profilines et aux polcalcines . Il est donc bien difficile de distinguer une sensibilisation au pollen de hêtre qui soit indépendante d’une sensibilisation à une autre Fagale.