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Le platane
jeudi 8 juillet 2010, par
Si le platane est connu pour avoir été souvent utilisé comme ombrage des routes, il reste un élément important des plantations citadines, notamment du fait de sa bonne résistance aux pollutions.
Cet arbre est rencontré aussi bien dans des pays bordant la méditerranée que plus au nord. Et l’espèce la plus courante, Platanus acerifolia, a d’ailleurs pour nom anglais « London plane tree ».
Platanus acerifolia, le platane commun, appelé à tort P. hispanica, est en fait un hybride de deux espèces, P. occidentalis et de P. orientalis. La première est native d’Amérique du Nord, et la seconde est présente des Balkans et en Asie Mineure.
On attribue généralement au platane un pouvoir allergisant plutôt faible , ou incertain . Cela résulte peut-être de la relative rareté des mono-réactivités pour le platane.
La prévalence de positivité en TC pour le platane varie beaucoup d’un pays à un autre, et même au sein d’un même pays :
- Parmi des sujets polliniques ou patients consultant pour des manifestations respiratoires il a été relevé :
- 26% de TC positifs pour le platane à Londres
- 13-15% à Montpellier (dont 7% de mono-platane)
- 10% à Cologne
- 5% à Lisbonne
- pas de sujets mono-platanes parmi des polliniques à Messine et 3,4% à Rome
- En Espagne :
- à Cordoue 17% (dont 11% de mono)
- à Caceres 37%
- à Madrid 56% (aucun mono)
- à Barcelone 8,5% (25% de mono) et 23%
- à Llobregat 50% parmi des polliniques à l’olivier . La Catalogne est la seule région d’Espagne où le platane arrivait en tête des 3 premiers pollens positifs dans l’étude EXPO .
- à Pamplune 18% parmi des atopiques
- 25% de mono-platanes à Bilbao parmi des patients polliniques au platane
- parmi les patients avec pollinose et allergie alimentaire :
- à Madrid 3,5% de TC positifs platane dans une série avec allergie à la pêche , mais 77% dans une autre série avec allergie au kiwi
- aux Canaries 39% chez des patients avec allergie à la moutarde
- et 35% de mono-positifs platane à Barcelone chez des patients avec pollinose au platane et allergie alimentaire. Un chiffre de 25% de mono-platanes avait été relevé
Les allergènes de platane
On connaît surtout les allergènes de Platanus acerifolia.
Pla a 1
C’est un inhibiteur d’invertase, positif chez 83% des sujets positifs pour le platane . Avec Pla a 2, il contribue à la plus grande part de la réponse pour le platane : une association Pla a 1 + Pla a 2 pourrait remplacer l’extrait platane en TC dans la plupart des cas .
Pla a 1 n’a pas d’allergène fortement homologue connu dans les aliments : au mieux, une identité de 43% est relevée avec une protéine du raisin .
Pla a 2
C’est une polygalacturonase glycosylée et présentant une réactivité de type CCD . Son recombinant dans E. coli, non glycosylé, a une moindre IgE-réactivité .
Pla a 2 est positif chez 67-71% des patients .
Peu d’homologie pour Pla a 2 avec d’autres polygalacturonases : 34% d’identité avec Cry j 2 (cèdre du japon), 43% avec le maïs, 42% avec la pêche, etc..
Pla a 3
C’est une LTP dont la fréquence de positivité in vitro a été trouvée à 11% en Catalogne et 14% en Allemagne . Mais, quand cet allergène est testé chez des patients présentant un syndrome alimentaire lié aux LTP, la positivité peut s’élever à 54-67% .
Profiline
Une profiline est présente dans le pollen de platane : son IgE-réactivité a une fréquence estimée à 16% des patients dans une étude Catalane .
Autres allergènes
Des tests destinés à identifier des allergènes homologues dans le platane sont restés infructueux avec Dac g 4 (groupe 4 des graminées) et avec Cup a 1 (pectate lyase) .
Platanus orientalis
Pour l’espèce orientale, on a montré la présence d’un inhibiteur d’invertase Pla or 1 , ainsi que d’une polygalacturonase (Pla or 2), d’une LTP (Pla or 3), d’une triose-P isomérase (Pla or 4) et d’une cyclophiline .
Diagnostic d’une pollinose au platane
Une étude allemande a noté une sensibilité limitée du CAP (42%) chez les sujets positifs en TC pour le platane .
Dans la mesure où la réactivité cutanée pour le platane s’accompagne très souvent d’une sensibilisation à d’autres pollens, et que certains de ceux-ci pollinisent à une période similaire au platane, il peut s’avérer délicat de distinguer une véritable sensibilisation au platane d’une simple réactivité croisée.
Cette dernière peut résulter d’une réactivité aux profilines. Les polcalcines pourraient intervenir aussi, même si pour le moment il n’a pas été caractérisé de polcalcine IgE-réactive dans le pollen de platane.
Chez le patient avec un syndrome alimentaire du à des LTP on peut suspecter une réactivité pour le platane induite par cette sensibilisation alimentaire.
Enfin, in vitro, le platane peut présenter des réactivités croisées par le biais des CCD .
Pour améliorer le diagnostic il serait intéressant à l’avenir de pouvoir tester Pla a 1 et, accessoirement, Pla a 2.
Platane et allergie alimentaire
Voir aussi :
– Rosacées
– fruits à coque et autres pollens
– Lactucées
– Autres fruits exotiques (ex. grenade)
– Brassicacées (Crucifères)
– Agrumes
Un faisceau d’arguments plaide en faveur d’un lien platane – aliments avec, comme support, les LTP :
– 29% de sujets avec réactions alimentaires chez les sujets positifs pour le platane, contre 6% chez ceux positifs pour les graminées (et 28% en cas de double positivité platane-graminées)
– Beaucoup plus de cas de platane (et aussi d’armoise) positifs que d’olivier ou de graminées positifs chez des polliniques avec réactions alimentaires ; et vice versa
– Chez des polliniques au platane avec allergie alimentaire, la profiline de platane n’inhibait pas la réactivité vis à vis des aliments concernés
– Parmi 26 patients espagnols allergiques à la noisette, aucun n’était positif pour la profiline alors que la moitié d’entre eux étaient positifs pour Cor a 8 (LTP de noisette) et tous pour le platane
– Parmi 14 allergiques à la laitue (tous positif pour le platane) 11 avaient une réactivité vis-à-vis d’une bande 9 kDa (LTP)
Pour autant, le platane est-il capable de générer une allergie alimentaire croisée ?
Cela n’est pas sûr :
- la grande majorité des études provient d’Espagne et il s’avère bien délicat d’isoler nettement l’impact de la LTP de platane dans un tableau intégrant si souvent une multi-réactivité pollinique. Il faut, par exemple, tenir compte de la part prise par d’autres pollens et, notamment de l’armoise qui possède également une LTP (Art v 3) : l’armoise est retrouvée positive en plus du platane dans de nombreuses études . Elle est parfois majoritaire .
- par ailleurs, la sensibilisation aux LTP peut être directe (ex. avec la pêche) et la réactivité pour la LTP de platane n’être que le reflet de cette sensibilisation initiale alimentaire. Ainsi :
– > parmi des patients Espagnols avec une allergie à la cerise due à une LTP, la réactivité pour le platane n’était observée que dans 5 cas sur 9
– > et la positivité pour la LTP de platane, Pla a 3, était nettement plus fréquente chez des patients positifs pour la pêche (67%) que chez les négatifs (27%), alors que cet écart n’était pas vu pour les allergènes principaux du platane, Pla a 1 et Pla a 2 - la positivité pour Pla a 3 différencie peu les sujets avec allergie alimentaire (67% avec Pla a 3 positif) de ceux sans allergie alimentaire (54%) parmi des polliniques au platane
- la fréquence d’une allergie alimentaire en cas de positivité pour le platane est plus élevée chez les sujets réagissant également à d’autres pollens , y compris pour les « aliments LTP », comme la pêche ou le maïs. Ainsi :
– > une histoire clinique positive pour la pêche était notée chez 2 sujets parmi 10 mono-polliniques au platane
– > tandis que cette proportion était environ 4 fois plus élevée (8/22) chez des sujets polliniques au platane et à d’autres pollens .
Au total, il semble que la réactivité au platane est plus le reflet d’une poly-réactivité pollinique ou d’une sensibilisation alimentaire directe aux LTP que l’instigateur d’une allergie croisée pollen-aliments.
C’est plutôt un certain niveau élevé d’atopie et des particularités polliniques et alimentaires locales (ex. Espagne, notamment Catalogne) qui semblent favoriser la réactivité au platane et celle pour sa LTP.
Cette influence peut d’ailleurs se porter aussi sur la réactivité pour les profilines .
Ceci étant :
- il reste possible que la réactivité pour la LTP de platane, une fois installée, peut jouer un rôle additionnel dans l’allergie aux LTP alimentaires : Pla a 3 semble posséder en effet des épitopes homologues à ceux de Pru p 3 (pêche) et des épitopes qui lui sont spécifiques .
- la plupart des observations proviennent de Catalogne. Et l’on ignore ce qu’il en est de la coïncidence platane-pêche/aliments LTP dans d’autres régions d’Europe où ces arbres sont fréquents