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Les fruits à coque : généralités
dimanche 4 mai 2008, par
Qu’est-ce qu’un « fruit à coque » ?
A priori, cette notion renvoie à la présence d’une enveloppe scléreuse entourant la graine. C’est la cas des graines issues de drupes, c’est-à-dire de fruits charnus à noyau (ex. amande, noix, etc..). On devrait donc y inclure des graines qui ne sont pas rangées habituellement dans les fruits à coque, comme la noix de muscade ou la fève tonka (Dipteryx odorata).
Mais l’enveloppe entourant la graine est parfois semi-rigide (ex. châtaigne et faîne qui sont botaniquement des akènes) ou nue (ex. noisette, gland de chêne qui sont des mucules).
Ou la chair du fruit est séparée de la graine (ex. noix de cajou)…de sorte que les fruits à coque ne peuvent être assimilés aux graines provenant de fruits charnus renfermant un noyau rigide.
Ce ne sont pas mieux des « fruits secs », car il faudrait y inclure les raisins secs ; ni même des fruits à proprement parler !…
La dénomination de « fruits à coque » rassemble donc artificiellement des graines d’origine et d’usages très différents :
- noisette, noix, amande, noix de cajou, etc.. proviennent de familles botaniques variées
- si certaines de ces graines sont consommées telles quelles (ex. à l’apéritif), d’autres graines sont utilisées dans des préparations alimentaires où elles peuvent se trouver « cachées » (noisette, amande, etc..)
- le traitement thermique qu’ont subi ces graines peut varier lui aussi.
Les anglophones rangent sous le terme de « nuts » un ensemble de graines comprenant les fruits à coque mais aussi l’arachide, de sorte que certaines statistiques sont d’interprétation difficile, les fruits à coque (FaC) n’étant pas distingués d’une cause majeure d’allergie à elle seule, l’arachide.
La terminologie anglo-saxonne renvoie même parfois à un produit qui n’est pas une graine, comme le « tiger nut » qui est en fait le rhizome tubéreux du souchet (Cyperus esculentus) .
L’expression « tree nuts » est plus restrictive : les graines provenant d’espèces à végétation herbacée, comme l’arachide, le sésame ou le tournesol, n’en font pas partie . Cependant sont parfois placés dans cette catégorie des graines qui ne sont pas des FaC, tel le pignon de pin .
Le cas de la châtaigne, dont l’intérêt allergologique la rapproche plus du latex que des FaC, est abordé ailleurs (cf. Châtaigne).
Le tableau ci-après précise l’origine botanique des principaux FaC. Il n’est pas exhaustif car de nombreuses autres graines peuvent être consommées localement ou exceptionnellement : noix de nangaille, noix d’hickory, amande de l’abricot , amande de la mangue , gland de chêne , etc..
{{}} | Organisme source | Famille botanique |
Amande | Prunus dulcis | Rosacées |
Noisette | Corylus avellana | Bétulacées |
Noix | Juglans regia, etc.. | Juglandacées |
Noix de pécan | Carya illinoinensis | Juglandacées |
Noix de cajou | Anacardium occidentale | Anacardiacées |
Pistache | Pistacia vera | Anacardiacées |
Noix de macadamia | Macadamia integrifolia | Protéacées |
Noix du Brésil | Bertholletia excelsa | Burséracées |
Noix de coco | Cocos nucifera | Arecacées |
A cette diversité botanique s’ajoute la variété des modes possibles de sensibilisation aux fruits à coque : multiplicité des allergènes + paramètres géographiques. Aussi, au sein des chapitres de l’allergologie moléculaire, celui concernant les fruits à coque est l’un des plus riches sur le plan des interactions moléculaires et de l’épidémiologie comparée.
De par son ampleur, ce chapitre est divisé en plusieurs thèmes et monographies, comme le détaille la liste ci-après :
Généralités
- Allergénicité des fruits à coque
- Effets de la chaleur et de la digestion
- Diagnostic d’une allergie aux fruits à coque
- Fruits à coque et CCD
Monographies
Réactivités / allergies croisées
- Entre fruits à coque
- Avec l’arachide
- Avec d’autres Fabacées
- Avec des graines diverses
- Avec le pollen de bouleau
- Avec d’autres pollens
- Fruits à coque, LTP et Rosacées
- Fruits à coque, LTP et autres aliments
- Latex et fruits à coque
Allergénicité des fruits à coque
Les FaC présentent une allergénicité importante. Celle-ci est liée notamment aux différentes protéines de stockage qu’elles contiennent .
Il n’est pas exclu, par ailleurs, que cette allergénicité soit favorisée par les composants oléagineux plus ou moins constamment présents dans ces graines (cf. Allergies aux graines).
Selon les données du CICBAA, les FaC représentent 5% des allergies alimentaires chez l’enfant et 9,2% chez l’adulte. Comparativement, l’arachide est en cause chez 26% des enfants et 5,6% des adultes.
L’évolution inverse de la prévalence avec l’âge provient, en partie, de l’apparition chez l’adulte, d’une forte proportion d’allergies liées à un pollinose : la part des allergies initiées dans l’enfance s’en trouve corrélativement réduite.
De plus, certaines allergies pour des FaC sont favorisées par une pollinose, par exemple la noisette avec le bouleau.
Cette répartition est visible dans les statistiques du Réseau d’Allergo-Vigilance : sur 900 déclarations en mai 2010, 115 faisaient état de FaC, soit aussi souvent que l’arachide (111 cas) . La noix de cajou prenait la 1ère place (47 cas), devant la noisette (27 cas), la noix (13), la noix du Brésil (11), la pistache (9), l’amande (5), la noix de pécan (1), la noix de macadamia (1) et la noix de coco (1).
Une consommation limitée peut expliquer aussi la rareté des cas d’allergie pour certains FaC (ex. noix de macadamia).
En Grande-Bretagne, Pumphrey avait relevé les répartitions suivantes pour les « nuts » :
- anaphylaxie : arachide 41%, noix du Brésil 4%, amande 4%, noix de cajou 4%, noix 3%, noisette 3%, pistache 2%
- décès : arachide 29%, noix 15%, noix du Brésil 9%, amande 6%, noisette 3%, mélange ou ? ? 35%
Un autre travail se rapportant à l’incidence des réactions allergiques sévères au Royaume-Uni donne des chiffres un peu différents : sur 58 cas pédiatriques, 10 étaient dus à l’arachide, 7 à la noix de cajou, 2 aux noix, 2 à la noix du Brésil et 1 à la noix de macadamia .
Et Bock, aux USA, avait relevé 10 cas dus à des FaC parmi 32 décès par allergie alimentaire .
Bien sûr, la comparaison des prévalences ou fréquences ne permet pas d’évaluer l’allergénicité intrinsèque des différents FaC. En effet, de multiples facteurs interviennent dans ces statistiques :
- l’âge des patients
- les pathologies intercurrentes et/ou associées : pollinose, eczéma atopique. Concernant ce dernier, il faut souligner les prévalences très élevées rencontrées dans certaines séries de patients avec allergie aux FaC, tant chez l’enfant que chez l’adulte (60 à 90%)
- l’origine des patients peut exercer une influence à travers l’environnement pollinique mais aussi du fait d’habitudes locales de consommation des FaC :
- aux USA, la noix arrive en tête des causes d’allergie aux FaC, devant les noix de cajou, du Brésil ou de pécan
- en Grande-Bretagne, la noix du Brésil est la 1ère cause d’allergie aux FaC selon Clark et Ewan . La fréquence est 3 fois moindre pour la noisette, 4 à 5 fois moindre pour la noix, l’amande et la noix de cajou. Ici, une allergie aux noix de pécan est plutôt rare, contrairement aux USA
- en Italie, Asero relève que la pistache et la noix de cajou sont peu consommées
- une étude récente a montré que les patients Américains et Italiens allergiques à la noix avaient une réactivité à des allergènes très différents
L’histoire naturelle de l’allergie aux FaC est variable, la sensibilisation pouvant débuter très tôt dans l’enfance (ex. noix de cajou), ou du fait de l’acquisition d’une pollinose (ex. noisette), ou faisant partie d’un « syndrome LTP ».
Des facteurs propres aux patients et à leur environnement gouvernent la transition d’une réactivité infra-clinique en une allergie : ainsi Rodriguez a observé un seul cas de positivation du TPODA chez 12 patients Espagnols, réactifs en TC et/ou en CAP, au cours d’un suivi de 3-5 ans .
Inversement, Fleischer rapporte 9 TPO négatifs en suivi de 20 patients Américains qui avaient une histoire clinique positive au départ . Ceci étant, dans cette dernière étude, ainsi que dans beaucoup d’autres, la preuve de l’allergie par la réalisation d’un TPO n’avait pas été apportée au moment de l’inclusion des patients, ce qui affaiblit la conclusion des auteurs.
Le décret n° 2005-944 rendant obligatoire l’étiquetage des aliments a listé les FaC concernés. On pourra remarquer l’absence de la noix de coco. Et, dans la mesure où le nom des espèces végétales est précisé dans le texte du décret, des FaC très proches mais provenant d’autres espèces pourraient sortir du cadre de l’obligation d’étiquetage.
C’est le cas pour la noix dont l’obligation ne s’applique qu’aux graines issues de Juglans regia.
Un flou existe aussi pour les noix de macadamia (auxquelles le décret ajoute les noix du Queensland comme synonyme), ces noix étant associées à un nom d’espèce végétale non accepté, Macadamia ternifolia, alors que le nom valide est M. integrifolia.
Le cas de la noix de nangaille est différent, celle-ci s’étant vue refusée l’autorisation de mise sur le marché en Europe.
Outre-Atlantique, le Food Allergy & Anaphylaxis Network (FAAN) publie des alertes de présence inopinée de composants dans les aliments manufacturés. Les FaC y tiennent une bonne place (cf. les statistiques FAAN)
Effets de la chaleur et de la digestion sur l’allergénicité des fruits à coque
Tout d’abord, quelques points doivent être soulignés :
- les travaux de stabilité ont principalement concerné la noisette. Des FaC importants comme la noix ou la noix de cajou n’ont pas été étudiés, à notre connaissance.
- les résultats des travaux de stabilité ont souvent une signification clinique mal établie :
- les tests ont été effectués sur de protéines pures, isolées non seulement de leur milieu d’origine mais sans tenir compte non plus, pour la digestibilité, des conditions réalistes. Par exemple : effet matrice , autres composants du bol alimentaire , cuisson avant digestion , pH gastrique réel , etc..
- le fractionnement d’une protéine par les enzymes digestives ne signifie pas la perte de tout pouvoir réactogène ni immunogène . Par exemple, la vérification de la disparition de l’IgE-réactivité n’est pas suffisante avec les techniques en blot car des peptides de 3-6 kD ne sont pas vus avec cette technique
- il a été montré qu’il existait autant d’allergènes instables que d’allergènes résistant à une épreuve de digestion gastrique simulée
- les preuves d’une modification de l’allergénicité ont rarement été recherchées par des tests in vivo
- enfin, dans le cas d’aliments contenant plusieurs catégories d’allergènes, comme c’est le cas pour les FaC, il faudrait tenir compte des réactivités initiales au niveau moléculaire pour interpréter correctement le résultat global sur l’aliment. Par exemple, le résultat global peut varier entre patients de pays différents.
Des résultats très fragmentaires sont disponibles.
Divers procédés de chauffage (grillage, autoclavage, micro-ondes) entraînaient une diminution de l’extractabilité des protéines mais pas une perte de stabilité .
Tawde a montré une baisse de l’IgE-réactivité de l’amandine après chauffage , tandis que Bargman observait cet effet sur certaines fractions de l’amande (15 et 70 kD) mais pas sur d’autres (45-50 kD) .
De même une étude ne montrait pas de modification significative d’IgE-réactivité après chauffage .
En digestion pepsique artificielle l’amande montre une certaine résistance . Ces résultats obtenus en SDS-PAGE ne préjugent pas de l’effet de la digestion sur l’IgE-réactvité.
Cependant, l’apparition d’une néo-IgE-réactivité pour l’amande a été montrée dans cette étude pour quelques patients placés sous médication anti-ulcéreuse, ce qui montre qu’au moins pour ces patients la digestibilité de l’amande est incomplète.
Chaleur
Deux travaux concordent pour conclure que le grillage des noisettes (par ex. 140°C 40 min) entraîne une disparition de l’IgE-réactivité de la PR-10 Cor a 1.04, tandis que des protéines de 30 kD et plus résistent bien .
Mais Wigotzki remarque qu’une bande <14 kD conserve une IgE-réactivité après 15 min à 185°C et qu’un chauffage de 90 min à 100°C seulement ne modifie pas l’IgE-réactivité globale de la noisette .
Chez des sujets Italiens positifs pour une bande 9 kD (LTP) la chaleur ne diminuait pas l’IgE-réactivité . De même, chez des patients Autrichiens non polliniques, le grillage des noisettes n’affectait pas l’IgE-réactivité < 10 kD .
Aux Pays-Bas, Wensing observe la négativation de TPODA (n=4 patients , mais Akkerdaas constate qu’une IgE-réactivité subsiste pour la 2S albumine , si bien que 12% des sujets ont encore des tests in vitro positifs pour la noisette après chauffage + digestion artificielle .
Skamstrup-Hansen note le maintien de 5 TPODA positifs après grillage des noisettes parmi 17 patients Danois et Suisses . Il est intéressant de noter que ces patients étaient avant tout réactifs pour la PR-10, Cor a 1.04, peu pour la profiline Cor a 2 (7/17) et pas du tout pour la LTP Cor a 8.
On peut supposer que Cor a 1.04 était donc en partie protégé de l’effet de la chaleur par la matrice environnante dans la noisette au cours du chauffage.
Au total, le grillage diminue l’allergénicité des noisettes chez des patients avec allergie croisée bouleau-noisette, mais pas chez tous, et n’affecte que peu l’allergénicité des noisettes si la sensibilisation est différente (LTP et/ou protéines de stockage).
Digestion
L’origine des patients, c’est-à-dire leur mode de sensibilisation à la noisette, influe sur les résultats de la digestion :
- perte d’IgE-réactivité après digestion artificielle (gastrique + pancréatique) de noisettes fraîches chez des patients Allemands . mais une bande 10-12 kD résiste chez un patient
- cette perte d’IgE-réactivité chez des patients par ailleurs polliniques au bouleau est attribuée à la fragilité de la PR-10 Cor a 1.04 : en digestion gastrique simulée l’IgE-réactivité de Cor a 1.04 disparaît en 1 seconde
- dans le même travail, il a été montré que Cor a 1.04 résistait très bien, par contre, à la digestion trypsique. Aussi, les résultats obtenus par Untersmayr revêtent une grande importance : en cas d’hypo- ou d’achlorhydrie la digestion gastrique peut être incomplète et des allergènes non dégradés traverser la barrière intestinale .
Un suivi de 153 patients sous médication anti-ulcéreuse pendant 3 mois a révélé une néo-réactivité pour la noisette chez 5 d’entre eux, dont 3 TPO positifs et 2 cliniquement allergiques .
- De fait, si le pH était porté à 5 au lieu de 2 ou 1,2 comme dans les tests classiques de digestibilité, l’IgE-réactivité n’était pas modifiée après 2h de contact avec la pepsine .
Enfin, Akkerdaas a étudié la digestion pepsique d’un extrait de noisette :
- si des patients Espagnols conservaient, sans surprise, leur IgE-réactivité après digestion, c’était le cas aussi pour 2 des 13 patients Milanais et pour 22 des 72 Néerlandais.
- Les auteurs d’en conclure : il ne faut pas résumer la réactivité de la noisette à la seule PR-10, même en zone propice à une pollinose au bouleau.
On possède très peu de connaissances au sujet de la noix.
Un travail a montré une grande résistance à la digestion pepsique d’un extrait de noix, sur la base de résultats en SDS-PAGE (pas en blot avec des sérums de patients) .
Fernandez-Rivas a montré que la 7S globuline ne résistait pas à 1 minute de digestion gastrique .
Le grillage ne modifie pas la réactivité cutanée de la noix de macadamia .
Berrens et Malanin ont décrit la possibilité d’une formation de néo-allergènes au cours du grillage des noix de pécan.
La formation de composés de Maillard et/ou une modification de la digestibilité des protéines pourrait résulter du grillage des noix de pécan.
Un phénomène similaire aurait lieu en cas de conservation prolongée des noix de pécan à 30°C.
La nature de ces néo-allergènes n’a pas été élucidée, mais des observations ont montré que certains patients réagissaient seulement si les noix de pécan étaient grillées .
La stabilité a aussi été étudiée par l’équipe de Teuber, mais à l’aide d’anticorps de lapin .
Les travaux ont porté sur le principal allergène, Ber e 1, plutôt que sur la graine elle-même.
Ils concordent tous et attribuent à cette 2S albumine une très forte stabilité à la chaleur et à la digestion .
La compacité de la protéine, ses ponts disulfures internes, des points de protéolyse peu accessibles, un très bon refolding lors du refroidissement après chauffage, la capacité de former des émulsions et l’insensibilité aux surfactants, autant d’explications qui ont été avancées pour expliquer cette stabilité .
Diagnostic d’une allergie aux fruits à coque
La pratique d’un TPODA est rare dans le cas des FaC (ex. ).
Souvent, un TPO et/ou un TPL n’est pratiqué que pour un fraction des patients .
Ewan estime que le TPO n’est pas nécessaire
- si l’histoire clinique est convaincante et qu’elle est associée à un TC positif
- ou si les symptômes ne sont pas aigus
- ou si le FaC est toléré malgré un TC positif.
Inversement, le TPO est présenté comme utile pour tester une acquisition de tolérance, si le TC s’est négativé dans le suivi .
Fleischer montre que les ¾ des TPO réalisés sur la base d’une simple positivité en TC et/ou en CAP s’avèrent négatifs .
Le nombre de TC positifs pour les FaC dépasse de beaucoup celui des allergies vraies correspondantes . Par exemple, les données du CICBAA révèlent 18% de TC positifs parmi les 523 qui ont été pratiqués avec la noix du Brésil, mais seulement 5 confirmations de cette réactivité cutanée en TPO (J-M. Renaudin, comm. pers., 07/03/09). Même si des TPO n’ont pas été proposés à tous les patients TC positifs du fait de la prise en compte de l’histoire clinique également, il est clair que la réactivité cutanée pour ce FaC ne se traduit que partiellement en une allergie vraie.
Les tests in vitro pour la noix de cajou ne renseignent pas sur la gravité potentielle d’une réaction clinique . Dans l’étude de Giovanni-Chami, ni le CAP, ni le TC ne différenciaient les sujets allergiques des sujets asymptomatiques .
Une interférence due à des CCD est à craindre car dans la même étude 36% des enfants négatifs en TC étaient positifs en CAP.
Plusieurs paramètres influençant les tests diagnostiques ont été étudiés dans le cas de la noisette :
- ni le résultat d’un TC natif, ni celui d’un CAP, ne prédisaient fiablement la réponse lors d’un TPODA chez des patients ayant une réactivité à la noisette associée à une sensibilisation au bouleau
- les extraits commerciaux de noisette présentaient des contenus très variables en PR-10 et profiline, et la réactivité cutanée était plutôt en rapport avec le contenu total en protéines, quelles qu’elles soient, dans l’extrait
- on peut diminuer la perte de PR-10 lors de l’obtention des extraits de noisette, mais les procédés chimiques employés sont peu compatibles avec une utilisation in vivo
- cette fragilité de la PR-10 de la noisette, Cor a 1.04, a conduit à renforcer le contenu des extraits pour le CAP par adjonction du recombinant rCor a 1.04. Ceci a amélioré la sensibilité diagnostique du test dans certains pays … mais pas en Espagne !
- le contenu limité en Cor a 1.04 pourrait expliquer des TC négatifs pour la noisette mais positifs, chez les mêmes sujets, pour le bouleau et le noisetier
- certaines protéines peuvent être difficiles à extraire, ou bien être perdues au moment de la phase initiale de délipidation de la graine (ex. les oléosines )
- un extrait effectué à pH 2,5 récupère mieux la LTP, Cor a 8, mais pas la PR-10
- le contenu en lipides de l’aliment-test lors du TPO semble jouer un rôle sur le délai d’apparition des symptômes . Ceci étant, van der zee a montré que la dose déclenchante lors d’un TPO à la noisette variait dans un facteur de 3 au maximum à 6 mois/ 1 an de distance, chez le même sujet
On le voit, beaucoup de paramètres sont en jeu et, quand la pratique d’un TPO n’est pas réalisable, d’autres critères diagnostiques sont nécessaires.
Des seuils discriminants ont été proposés par Clark et Ewan : un diamètre de 8 mm ou plus, en test cutané, est suffisant pour assurer le diagnostic d’allergie (9 mm pour la noix du Brésil).
Une étude plus récente de l’équipe de Hill confirme en partie cette approche et a le mérite d’avoir pris comme référence un TPO positif .
- Selon ces auteurs, 56% des TPO pourraient être ainsi évités devant un TC égal ou supérieur à un seuil donné : les meilleurs résultats sont obtenus pour la noix du Brésil (8 mm) et la noix de pécan (7 mm), les likehood ratios étant respectivement de 15 et de 12,5. avec au moins 8 mm pour la noix, la noisette ou la noix de cajou une VPP de 100% est atteinte,
- mais la VPN n’est pas optimale (54%, 79%, 42%). la pistache (6 mm, en natif) et surtout l’amande (7 mm) donnent des likehood ratios insuffisants (5,4 et 4,2).
Clark et Ewan ont aussi proposé un seuil de 15 kU/l en CAP comme suffisant pour poser un diagnostic d’allergie aux « nuts » en général, c’est-à-dire aussi bien pour les FaC que pour l’arachide . Cependant leurs résultats révèlent :
- 76% des cas où un diagnostic d’allergie a été retenu sont dans une zone grise (< 15 kU/l)
- 70% des cas présentant des symptômes sévères ont un CAP < 15 kU/l (et même 22% ont un CAP négatif)
- inversement, 40% de CAP sont trouvés positifs pour d’autres « nuts » chez des sujets allergiques à une seule « nut »
Cette étude, bien que basée sur un nombre élevé de patients, montre en fait l’intérêt de recourir à des tests plus discriminants, comme ceux utilisant des allergènes recombinants. Ces derniers ont notamment l’avantage de pouvoir éviter l’interférence des CCD (cf. plus loin).
Pour le diagnostic d’une réactivité à la noix du Brésil, les TC ont été montrés plus pertinents que le CAP, un résultat égal ou supérieur à 6 mm avec un extrait commercial ayant une VPP de 100% .
L’introduction d’un test in vitro pour le recombinant rBer e 1 est susceptible cependant d’améliorer les performances du CAP.
A cela deux raisons : l’absence d’interférence par les IgE anti-CCD et la bonne spécificité de Ber e 1. En effet, les réactivités croisées entre Ber e 1 et d’autres 2S albumines sont limitées par une faible homologie séquentielle (ex. 28% avec Bra n 1 du colza ).
Asero a proposé un arbre décisionnel pour aider au diagnostic d’une allergie aux FaC et aux Rosacées . La démarche comprend, dans l’ordre :
- des TC noix et noisette natifs,
- puis un TC commercial pour la pêche (réactivité LTP),
- puis des TC noisette et noix avec des extraits commerciaux,
- un TC bouleau et
- éventuellement des tests rBet v 1 et rBet v 2.
Cette approche explore donc plusieurs modes de réactivité : les LTP, les PR-10 (bouleau et rBet v 1) et les protéines de stockage des graines (TC commerciaux).
Dans la mesure où un test in vitro pour la LTP de noisette est à présent disponible (rCor a 8), l’algorithme pourrait comprendre des TC pour les FaC et une mesure de réactivité à rBet v 1 et à rCor a 8.
La possibilité de tester rCor a 8, et non plus seulement rPru p 3 comme avant, permet de solutionner une difficulté soulevée par des résultats obtenus aux Pays-Bas :
- Dans un premier travail, il avait été remarqué que des enfants pouvaient présenter un TPODA noisette positif sans réactivité pour le bouleau, ce qui est plutôt inattendu dans cette région de l’Europe .
- Par la suite, les mêmes auteurs ont observé que la réactivité clinique de ces enfants était très dépendante d’une positivité pour la LTP de la noisette, Cor a 8 : à l’aide d’un allergène purifié, nCor a 8, ils n’ont trouvé aucun résultat positif chez les 12 enfants négatifs en TPODA ; en cas de syndrome oral au cours du TPODA, 1 enfant sur 4 était positif pour nCor a 8 ; et si des symptômes objectifs se faisaient jour au cours du TPODA, c’était cette fois tous les enfants qui étaient Cor a 8 positifs .
Le problème posé par cette étude tenait dans le peu de représentativité de la LTP de pêche chez ces enfants Néerlandais : rPru p 3 n’était positif que pour 2 des 9 enfants positifs pour nCor a 8.
- Pour ces derniers, la LTP de noisette, c’est-à-dire la LTP de l’aliment suspecté de provoquer les réactions allergiques, était plus pertinente que rPru p 3, la LTP « modèle ».
Un autre travail, bien que purement sérologique, avait suggéré cette limitation :
- à partir d’une banque de sérums, il avait été montré une meilleure corrélation de l’IgE-réactivité entre LTP des Rosacées qu’entre ces dernières et rCor a 8 ;
Les résultats de Flinterman et coll. sont donc très importants, tant sur le plan de l’épidémiologie (réactivité vis à vis des LTP ailleurs que dans le Sud) que sur la stratégie à adopter pour développer des tests diagnostics nouveaux.
Les allergènes recombinants "représentatifs" d’une famille moléculaire, comme rPru p 3 pour les LTP, ne sont pas toujours les moyens les plus pertinents pour caractériser une réactivité vis à vis de tous les membres de cette famille. Des facteurs locaux peuvent aussi jouer.
Plus la variété des allergènes testables sera grande et plus les moyens diagnostiques de l’allergologie moléculaire seront efficaces. Dans l’intervalle, les allergènes "représentatifs" procurent néanmoins une aide précieuse.
Fruits à coque et CCD
(voir aussi : Les CCD)
La présence d’épitopes glucidiques IgE-réactifs dans les extraits de FaC n’a pas été beaucoup étudiée, mais on peut s’attendre à ce que les FaC ne fassent pas exception à la règle, quand cela ne serait que du fait des nombreuses protéines extraites des graines simultanément aux allergènes .
Certains allergènes sont glycosylés : la conglutine gamma de l’amande , la légumine de la noix de coco , ainsi que Cor a 11, une viciline de noisette .
Plus globalement, les extraits contenant aussi d’autres protéines que des allergènes, la connaissance des glycomes peut apporter des renseignements utiles : Wilson a montré que l’amande et la pistache possédaient majoritairement des chaînes glucidiques avec xylose et fucose, contrairement à la noix de coco qui n’a pas de fucose ; la noisette possède un peu de chaînes Lewis a, alors que ces dernières sont majoritaires dans le cas de la noix .
La réalité d’une réactivité de type CCD a été montrée par immuno-capture pour la noix, la noisette et l’amande .