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Les Apiacées : généralités
vendredi 4 juin 2010, par
La famille botanique des Apiacées (ou Ombellifères) est à l’origine d’allergies alimentaires s’intégrant, en tout ou partie, dans un syndrome pollens-aliments appelé le “syndrome armoise-céleri-épices”.
Cette association clinique, suggérée dès 1977 par Hannuksela, a été établie par Pauli et Wüthrich , puis étendue au bouleau et à la carotte , de sorte qu’il s’agit en fait d’une double entité avec tantôt le bouleau seulement, tantôt l’armoise seulement, tantôt les 2 pollens, et incluant plus généralement différentes Apiacées alimentaires.
Le céleri et la carotte ont reçu une plus grande attention du fait de la survenue de réactions sévères, particulièrement dans le cas du céleri (cf . Céleri, cf. Carotte, cf. statistiques du Réseau d’Allergo-Vigilance). Cette allergénicité a justifié l’inscription du céleri dans la liste des aliments à étiquetage obligatoire.
Un grand nombre d’Apiacées sont considérées comme des épices : cumin, coriandre, carvi, anis vert, aneth, livèche. D’autres sont des ingrédients culinaires plus courants (persil, cerfeuil) ou décoratifs (angélique), voire des légumes à part entière (céleri, carotte, bulbe de fenouil, panais). Le curry contient fréquemment diverses Apiacées.
L’allergie alimentaire aux Apiacées, en dehors du céleri et de la carotte, est relativement rare. Elle concerne avant tout les Apiacées utilisées comme épices et le fenouil :
- Les données du CICBAA relevaient 6 cas parmi 589 patients : 4 TPO positifs pour le fenouil, 2 pour la coriandre et 1 pour le cumin .
- La littérature relate des cas isolés , une revue de ces observations ayant été faite par Schöll et Jensen-Jarolim .
- le panais n’est cité que dans les toutes premières observations de l’association bouleau-aliments et seulement sous la forme de scratch-tests positifs . Il est probable que le renouveau d’intérêt pour les « légumes d’antan » fera apparaître des cas d’allergie au panais.
- le persil a été évoqué aussi dans la relation bouleau-aliments . De fait, une PR-10 nommée Pet c 1 est présente dans le persil. Des cas d’allergie au persil sans pollinose sont possibles et une LTP a été suggérée responsable de ces réactions . Le persil contient également une profiline, Pet c 2, et une protéine RubisCO .
Chez les patients allergiques au céleri une histoire clinique positive n’est pas rare pour la carotte, notamment en cas de pollinose au bouleau : 25 à 50% .
On manque de données, par contre, dans la situation inverse, à savoir un recrutement sur la base d’une allergie à la carotte. Cette association carotte-céleri est vraisemblable mais n’a fait l’objet que de cas isolés .
Les Apiacées sont aussi parfois responsables d’allergies professionnelles avec rhino-conjonctivite et/ou asthme : carotte , anis et coriandre , anis , graines de fenouil . Parfois l’allergie respiratoire aux épices est également alimentaire . La pollinose n’est pas constante.
La prévalence de réactivité pour les Apiacées varie en fonction des pays d’origine et du mode de recrutement des patients, comme le montre le tableau suivant :
REf : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
Si, d’emblée, on peut remarquer l’importance des pollinoses au bouleau et/ou à l’armoise, il est intéressant de noter la place particulière du fenouil dans les séries italiennes où les patients étaient mono-LTP :
- en dehors du lien classique bouleau-armoise-Apiacées, un autre mode de réactivité croisée pourrait donc se dessiner, celui d’un syndrome LTP incluant le fenouil et éventuellement d’autres Apiacées.
Les prévalences de réactivité dépendent à la fois des possibilités immunologiques de réactivité croisée mais aussi de facteur locaux, au rang desquels les habitudes alimentaires jouent un rôle important. Ainsi, le céleri est consommé beaucoup plus dans certains pays, comme la Suisse.
Un tel effet-dose pourrait expliquer pourquoi le céleri et la carotte, ainsi que le fenouil, sont cliniquement plus importants que les épices parmi les Apiacées alimentaires allergéniques.
Les allergènes des Apiacées
Des protéines PR-10 (homologues de Bet v 1) et des profilines ont été montrées IgE-réactives dans la plupart des Apiacées.
Des LTP n’ont été caractérisées pour le moment que dans le persil et la carotte. La présence d’une LTP allergénique dans le fenouil est fortement suspectée. Par exemple, chez un patient italien, le fenouil inhibait Pru p 3 .
Le cas de la carotte est particulier :
- bien que 18 à 62% des patients allergiques à la carotte aient été trouvés positifs pour une LTP recombinante de carotte , la LTP à l’état naturel dans la carotte mature semble faire défaut .
- Asero place, d’ailleurs, la carotte parmi les aliments “ non-LTP ” .
LTP | PR10 | Profiline | Autres | |
---|---|---|---|---|
Anis vert | Pim a 1 | Pim a 2 | ||
Carotte | LTP (contesté) | Dau c 1 | Dau c 4 | Cyclophiline (20kDa) |
Céleri | Api g 2 | Api g 1 | Api g 4 | Api g 3 = chlorophyll Ab-binding protein Api g 5 (58kD) = FAD-containing oxidase |
Coriandre | Cor s 1 | Cor s 2 | ||
Cumin | Cum c 1 | Cum c 2 | ||
Fenouil | LTP ? ? | Foe v 1 | Foe v 2 | |
Persil | LTP | Pet c 1 | Pet c 2 | RubisCO |