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Les ambroisies
dimanche 25 juillet 2010, par
Les ambroisies appartiennent à la famille des Astéracées (Composées) et, comme l’armoise, à la sous-famille des Asteroïdées. Elles sont cependant dans une tribu différente, les Hélianthées (cf. Les pollens d’Astéracées).
La pollinose aux ambroisies est un problème de santé publique dans certains pays ou certaines régions (USA, Canada, Japon, Hongrie, Bulgarie, Croatie, couloir rhodanien) et devient préoccupante du fait de son extension (plaine du Pô, est de l’Autriche) .
Hormis Ambrosia maritima qui est native du bassin méditerranéen, les autres espèces d’ambroisie ont été importées en Europe au milieu du XXème siècle.
L’éradication des ambroisies est impossible et, pour des raisons tant humaines que climatologiques, ces plantes colonisent peu à peu des zones jusqu’alors indemnes .
De plus, on a retrouvé en Toscane des pollens d’ambroisie transportés depuis l’Europe centrale par des courants atmosphériques .
A l’image de l’extension dans le couloir rhodanien, la région milanaise a vu se développer à partir des années 1980 une progression rapide des pollinoses à l’ambroisie si bien que cette dernière y est devenue la seconde cause de pollinose après les graminées .
Cette « épidémie » de pollinoses à l’ambroisie a été parallèle au développement des pollinoses au bouleau, pollen également récent dans la plaine du Pô : à eux deux, ils ont représenté ces dernières années 89% des néo-sensibilisations polliniques chez des patients déjà polliniques .
Faits intéressants :
- ces néo-sensibilisations étaient plus fréquentes chez les patients sous immuno-thérapie d’une pollinose pré-existante
- les patients néo-réactifs à l’ambroisie (ou au bouleau) avaient un âge moyen plutôt élevé (env. 35 ans) au moment du début de leur néo-sensibilisation
- et, peu à peu, la proportion de patients mono-allergiques à l’ambroisie s’est accrue (par exemple 18% chez les moins de 20 ans ), ce qui traduit bien l’influence de la génétique dans l’acquisition d’une sensibilisation : dans les premiers temps ce sont des patients plus âgés, déjà polliniques, qui ont développé une sensibilisation vis-à-vis de pollens pour lesquels ils possédaient une susceptibilité latente mais qu’ils n’avaient pas rencontrés jusqu’alors.
En Europe c’est avant tout l’ambroisie à épi grêle (Ambrosia artemisiifolia) qui est la cause de réactions allergiques . Le pollen peut parcourir des distances relativement longues et atteindre une population dont l’environnement est exempt d’ambroisies .
Même si l’impact de ce transport est mal connu quant à l’incidence des pollinoses dans la population touchée, le contact avec des pollens d’ambroisie est peut-être à prendre en considération dans certaines régions (ex. Catalogne) devant une symptomatologie mal expliquée avec d’autres herbacées.
Les allergènes des pollens d’ambroisie
L’ambroisie a été étudiée très tôt du fait de son impact clinique (T.P. King 1964), et deux de ses allergènes ont été les premiers allergènes à être séquencés .
Le premier allergène caractérisé, Amb a 1, a longtemps été considéré comme unique aux ambroisies. On sait à présent que des homologues d’Amb a 1 sont possibles dans le pollen d’autres composées (ex. Art v 6 dans l’armoise).
A l’heure actuelle, on n’a caractérisé qu’un allergène dans le pollen d’Ambrosia psilostachya (Amb t 5) et deux dans celui d’Ambrosia trifida (une profiline et Amb t 5).
Les allergènes du pollen d’ambroisie élevée (A. artemisiifolia) sont mieux connus :
Amb a 1
- Considéré comme une pectate lyase, Amb a 1 est constitué d’un large groupe d’isoformes réparties autour de 4 variantes ayant 75-86 % d’identité entre elles (de Amb a 1.1 à Amb a 1.4) .
- Collectivement Amb a 1 a une homologie assez modeste avec les pectate lyases des pollens de Cupressacées (Cry j 1, Jun a 1, etc…) : environ 40-50 % d’identité. Pas de réactivité croisée connue entre Amb a 1 et ces pectate lyases.
- L’homologie avec Art v 6 est un peu meilleure, de l’ordre de 65 %.
- Amb a 1 est donné comme non glycosylé . Cependant le recombinant rAmb a 1 produit dans E. coli montre une réactivité plus faible que nAmb a 1 in vitro et en tests cellulaires .
- Amb a 1 est trouvé positif chez plus de 90 % des sujets polliniques à l’ambroisie.
Amb a 2
- Cet allergène est à dorénavant considérer comme un iso-allergène d’Amb a 1. Positif chez 50 à 90 % des patients, il a 70-80 % d’identité avec Amb a 1 et croise aisément avec ce dernier.
Amb a 3 et Amb a 7
- Ces 2 iso-allergènes sont des protéines "plastocyanine-like". Glycosylées, elles sont positives chez 30-50 % (Amb a 3) et 15-20 % (Amb a 7) des patients.
Amb a 4
- Les travaux de l’équipe de Ferreira ont montré la présence de protéines homologues d’Art v 1 dans le pollen d’ambroisie .
- Ces protéines montrent une O-glycosylation assez semblable à celle d’Art v 1. Mais les arabinoses isolés ne s’organisent pas en clusters le long de la « queue » d’Amb a 1 comme sur Art v 1. Sachant que ce sont ces arabinoses qui sont IgE-réactifs sur Art v 1, une absence de réactivité CCD entre Art v 1 et Amb a 1 est possible.
- chez des patients exposés à l’ambroisie, la positivité pour rAmb a 4 a été trouvée aux alentours de 30% .
Amb a 5
- Amb a 5 se présente sous 2 isoformes (5 a et 5 b) et n’a pas encore de fonction biochimique élucidée.
- Trouvée positive chez 10-20 % des patients, son IgE-réactivité ne semble pas être partagée avec l’allergène homologue d’Ambrosia trifida, Amb t 5 (env. 45 % d’identité avec Amb a 5) .
- Par contre, Amb p 5 (A. psilostachya) croise avec Amb a 5 du fait d’une meilleure homologie ( 90 % avec Amb a 5a, 64 % avec Amb a 5b).
Amb a 6
Amb a 8
- Des isoformes aussi pour Amb a 8, qui est une profiline.
- Sa prévalence de positivité varie selon les cohortes de 15 à 40 % .
- Les pourcentages d’identité varient avec les profilines d’autres pollens ou d’aliments (54 à 89 %) .
Amb a 9
- Cette polcalcine serait sous plusieurs isoformes et montrerait une faible réactivité croisée avec d’autres polcalcines .
- Prévalence de positivité : 10-20 %.
Amb a 10
- Cet allergène a d’abord été qualifié de cytochrome C.
- C’est à présent une protéine "3 EF" liant le calcium.
- Positivité estimée à 10-20 % .
Autres
- Une cystatine est citée dans Allergome mais son IgE-réactivité reste à établir.
- Par ailleurs, une activité protéasique a été détectée dans le pollen d’ambroisie : a-t-elle une influence sur l’allergénicité élevée de ce pollen, à l’instar de ce qui est attribué aux allergènes d’acariens ?
Réactivité croisée des pollens d’ambroisie
Entre pollens d’ambroisie :
- La réactivité croisée (RC) entre A. artemisiifolia et A. trifida (ambroisie trilobée) semble dépendre de la présence d’A. trifida dans l’environnement du patient :
- Si A. psilostachya semble bien croiser avec les 2 ambroisies ci-dessus, les espèces A. bidentata et A. tenuifolia croisent mal .
Un ordre décroissant d’allergénicité est donné : A. artemisiifolia > A. trifida >> A. psilostachya, A. tenuifolia et A. maritima .
Avec d’autres pollens :
- La réactivité croisée avec le pollen d’armoise semble limitée (cf. Armoise).
Ambroisie : diagnostic
Des résultats ont montré quelques limites avec le CAP ambroisie en comparaison des tests cutanés ou la clinique .
Un test utilisant l’allergène principal, Amb a 1, a été récemment introduit. Il est basé sur un allergène naturel purifié (nAmb a 1), car le recombinant dans E. coli a donné des résultats décevants :
- aucun positif parmi 13 sujets positifs pour nAmb a 1
- 40% de résultats pour rAmb a 1 très inférieurs à ceux pour nAmb a 1 chez les mêmes patients
Il est possible que ces différences proviennent d’une glycosylation d’Amb a 1 méconnue jusqu’à présent (cf. ci-après).
Ambroisie et CCD
(voir aussi : Les CCD)
Si Amb a 1 est déclaré comme non glycosylé, il possède néanmoins un site potentiel de glycosylation. Et des résultats préliminaires obtenus avec une technique captant les IgE anti-CCD ont montré que le CAP nAmb a 1 est bien influencé par la présence d’IgE anti-CCD dans le sérum de certains patients.
Quoi qu’il en soit, d’autres allergènes d’ambroisie sont également glycosylés. Et une réactivité de l’ambroisie vis à vis des IgE anti-CCD existe bien .