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Phanères de mammifères
Saturday 17 April 2010, by
Allergies respiratoires vis à vis des mammifères
Les contacts avec les produits issus des mammifères revêtent de multiples formes et peuvent générer des manifestations allergiques très diverses :
– allergies alimentaires : viandes, laits et produits dérivés, abats, ..
– allergies médicamenteuses : héparines, gélatines, albumines, aprotinine, vaccins, …
– allergies respiratoires en milieu professionnel (rats, souris,..) ou domestique (chats, chiens, rongeurs,..)
– réactions aux morsures de certains rongeurs
Le présent article est centré sur les réactions respiratoires au sens large : rhinite et asthme, accompagnés ou non de conjonctivite.
Nature des produits allergisants
Les allergènes aéroportés proviennent de milieux variés : il s’agit avant tout de poils, de squames, d’urines ou de salive. La synthèse des allergènes est disparate elle aussi : glandes salivaires, glandes sébacées, foie, etc..
Les allergènes déposés sur le pelage directement (ex. par léchage) ou indirectement (ex. par souillure) complètent ceux provenant d’une synthèse cutanée, de sorte que globalement on parle souvent de « phanères » de mammifères .
Mais sous ce vocable générique de produits issus des revêtements cutanés se cachent en fait des contenus souvent mal définis : on trouve ainsi des extraits nommés « épithélium », « poils », « squames » ou encore en anglais « epithelia », « hair », « fur », « skin », « pelt », etc..
Or le choix de la matière première n’est pas neutre : telle espèce de mammifère synthétise ses allergènes principaux au niveau de la peau, telle autre dépose sur son pelage des allergènes salivaires, etc.. .
La méthode d’obtention des « phanères » peut donc être plus ou moins pertinente :
1) extraction à partir des poils
2) extraction à partir des squames obtenues par le grattage de la peau rasée
3) mélange des deux procédés précédents
4) recueil des particules émises spontanément par l’animal dans son environnement : poils, squames, etc..
Le terme « dander » est mal défini . Normalement il devrait représenter la catégorie 4 ci-dessus. Et, de même, « epithelium » devrait correspondre à la catégorie 2, c’est-à-dire précisément aux squames. Dans la réalité, les extraits « dander » sont plutôt de catégorie 2 (= squames) et les extraits « epithelium » plutôt de catégorie 3 (= squames + poils).
En étudiant les catalogues de 6 fournisseurs d’extraits pour tests cutanés on observe :
– un manque d’indication de l’origine de la matière première chez 2 fournisseurs : ce sont des « phanères »
– une notion d’ « epithelia » pour la plupart des extraits (vache, lapin, rat, souris)
– parfois « hair and dander » ou « epithelia », selon les fournisseurs (chien, cheval, cobaye), ou « dander » (chien), ou « pelt » (chat)
– parfois « hair » seulement (chat, vache)
Sachant que ces extraits servent à porter les diagnostics qui justifient les recrutements des patients dans les études cliniques ou de réactivité croisée, on comprend qu’il puisse exister une certaine difficulté à rapprocher les résultats de ces études.
Un relevé portant sur 47 études donne une idée de la diversité des milieux utilisés :
Origine des extraits (selon les auteurs)
Pelt | Hair + dander | Epithelium | Dander | Hair | Fur | Hair + urine | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Chat | 1 | 4 | 7 | 2 | 1 | ||
Chien | 1 | 5 | 4 | 7 | 1 | ||
Vache | 1 | 2 | 2 | ||||
Cheval | 1 | 3 | 5 | ||||
Lapin | 6 | 2 | 3 | ||||
Rat | 1 | 1 | 1 | 1 | |||
Souris | 1 | 2 | 1 | 1 | |||
Cobaye | 1 | 1 | 1 | 2 | 2 | 2 | 1 |
Hamster | 2 | 2 | 1 |
En dehors d’un contexte professionnel, les animaux les plus souvent incriminés par les patients sont le chat et le chien. Cette réactivité clinique rapportée par les patients était globalement confirmée dans environ 2 cas sur 3 dans une étude de Guinnepain . L’écart entre l’impression du patient et le résultat du TC était important s’agissant du chien. Cela pourrait provenir d’une difficulté d’obtention d’extraits représentatifs de tous les allergènes du chien.
A l’inverse, on peut trouver des TC positifs pour des animaux vis à vis desquels le patient n’est pas en contact : ainsi, dans la même étude parisienne , environ 10% des sujets testés étaient positifs pour la vache, le lapin, le hamster ou le cheval.
On peut supposer que ces réactivités cutanées sont le résultat de réactions croisées entre allergènes homologues présents chez ces animaux d’une part et le chat ou le chien d’autre part. Le support pour une telle réactivité croisée semble correspondre principalement à des albumines car les lipocalines, qui sont les allergènes prépondérants des mammifères, croisent mal entre elles (cf. Réactivités croisées des mammifères ; cf. Albumines ; cf. Lipocalines).
Mais la relation entre réactivité et contact avec l’animal est complexe. Notamment sur le plan clinique où le degré d’exposition, ainsi que sa chronologie, ont été suggérés conduire tantôt à l’allergie, tantôt à la tolérance (cf. Chat et chien).
Si la réactivité in vitro vis à vis d’un animal ne s’accompagne pas toujours de manifestations allergiques en présence de cet animal, l’apparition d’une réactivité sérique chez un patient peut représenter un indice pour une évolution future vers l’allergie.
Ainsi, une récente étude prospective a cherché à connaître la fréquence des néo-réactivités après le début d’une exposition à un animal, comme par exemple depuis l’acquisition d’un animal domestique ou le début de la pratique de l’équitation . Après 5 ans de suivi les résultats étaient les suivants :
Patients au départ | |||||
---|---|---|---|---|---|
atopiques | non atopiques | ||||
{} | {} | 15 enfants | 22 adultes | 122 enfants | 97 adultes |
Néo-réactivités | pour l’animal concerné | 4 | 0 | 0 | 1 |
pour un autre animal | 4 | 2 | 0 | 0 | |
pour un autre produit allergisant (ex. pollen) | 1 | 0 | 10 | 6 |
Cette étude montre que le risque d’une séro-conversion est plus élevé chez l’enfant que chez l’adulte, particulièrement si l’enfant est atopique. Cependant, le développement d’une néo-réactivité pour un animal n’était pas ouvertement lié au contact avec celui-ci ; et l’évolution des scores cliniques au cours des 5 années de suivi ne montrait pas de différence entre les patients avec réactivité pour l’animal concerné (néo-réactivité ou non) et les patients avec une autre réactivité (ex. acariens, pollens).
Aussi, les auteurs de cette étude estimaient qu’après l’âge de 1 an il n’y avait pas d’arguments pour interdire le contact avec un chat (ou un chien) afin d’éviter une néo-réactivité à cet animal.
Une telle conclusion mériterait d’être confirmée avec un nombre plus élevé d’enfants et l’adjonction d’un groupe témoin sans introduction d’animal. Elle semble s’inscrire néanmoins dans la tendance actuelle de ne pas négliger les facteurs pouvant favoriser l’acquisition d’une tolérance.
Le présent article sur les mammifères se divise ainsi :
– les allergènes des phanères de mammifères
– les « nouveaux » animaux de compagnie (cobaye, hamster, chinchilla, ..)
– les expositions professionnelles (lapin, rat, souris,..)
– les grands mammifères (porc, bœuf, cheval, ..)
– les réactivités croisées entre mammifères
– mammifères et réactivité de type CCD
Du fait de leur importance, chat et chien font l’objet d’un autre article (cf. Chat et chien).
Avant d’aborder la question des allergènes et d’étudier leurs relations immunologiques, il peut s’avérer utile de rappeler la phylogénie des mammifères :
les allergènes des phanères de mammifères
Le tableau suivant liste le mode d’exposition et la nature des principaux allergènes des mammifères ( [L]= lipocaline / [A]= albumine) :
Allergénicité dans | ||||
---|---|---|---|---|
Animal | Exposition * | Pelage (poils, épithélia) |
Salive | Urines |
Chat | D | Fel d 1 Fel d 2 [A] Fel d 4 [L] etc.. |
Fel d 2 [A] Fel d 4 [L] |
? |
Grands félins |
P | Fel d 1-like | ||
Chien | D | Can f 1/ f 2 [L] Can f 4 [L] Can f 3 [A] Fel d 1-like |
Can f 1/ f 2 [L] Can f 3 [A] |
|
Cheval | I | Equ c 1/ c 2 [L] Equ c 3 [A] Equ c 4/ c 5 |
Equ c 1/ c 2 [L] Equ c 4 / 5 |
Equ c 1 [L] |
Vache | P | Bos d 2 [L] Bos d 3 Bos d 6 [A] |
Bos d 2 [L] | |
Cerf, renne, chevreuil |
P / I | [L]? | ||
Porc | P | ? | ||
Mouton, chèvre |
P | ? | ||
Vison, renard |
P | ? | ? | |
Furet | NAC | [A]? | [A]? | |
Lapin | NAC / P | Ory c 1/ c 2 [L] [A] |
Ory c 1/ c 2 [L] | Ory c 2 [L] |
Rat | P / NAC | Rat n 1 [L] | Rat n 1 [L] | Rat n 1 [L] |
Souris | P / D / NAC | Mus m 1 [L] Mus m 2 |
Mus m 1 [L] [A] | |
Cobaye | NAC / P | Cav p 1/ p 2 / p 3 [L] [A] |
Cav p 3 [L] | Cav p 3 [L] |
Hamster doré |
NAC | [A] | ? | |
Hamster nain |
NAC | ? | 21 kDa | ? |
Chinchilla | NAC | [L]? | [L]? | |
Gerbille | NAC | ? | ? |
* Exposition : P = professionnelle / D = domestique / I = individuelle / NAC = nouveaux animaux de compagnie
NB : on retrouve de l’albumine dans le sérum (et la viande le cas échéant). La plupart des albumines de mammifères et de rongeurs ont été montrées IgE-réactives (cf. Albumines)
Les nouveaux animaux de compagnie
La liste des animaux que des personnes possèdent à titre privé ne cesse de s’allonger. Ce sont les « nouveaux » animaux de compagnie, ou NAC . Ils sont susceptibles d’entraîner des réactions allergiques par aéroportage des allergènes, notamment en milieu clos (indoor).
Le cas des oiseaux est envisagé ailleurs (cf. Œufs et oiseaux).
Les rongeurs et les lapins sont parmi les NAC les plus fréquemment rencontrés . Mais d’autres catégories d’animaux sont concernées, avec parfois des manifestations allergiques induites par leur présence. Par exemple :
– Reptiles : iguane
– Marsupiaux : phalanger volant (Petaurus breviceps)
– Lémuriens : loris paresseux
– Primates : macaque
– Chiroptères : chauves-souris
Certains animaux ne sont pas à proprement parler des NAC :
– du fait de contacts plutôt outdoor : raton-laveur , guépard , furet
– du fait d’une présence seulement indirectement liée aux NAC : par exemple, élevage de larves de Tenebrio molitor pour nourrir un NAC
Chez les sujets allergiques à un NAC l’allergie à des animaux domestiques classiques (chat, chien) est fréquente, mais pas constante,. Par exemple, 6 patients avaient un TC positif pour le chat , et 4 pour le chien, parmi un cumul de 13 cas d’allergie à des rongeurs (autres que rat ou souris) .
Par contre, l’introduction d’un NAC au domicile peut entraîner une dégradation importante de l’allergie respiratoire à des phanères animales (chat, chien)
Les allergènes responsables des manifestations allergiques suscitées par les NAC sont en grande partie inconnus :
– il a été noté une bande de 66 kDa dans des extraits de pelage et/ou d’urine de furet , sans que l’on sache s’il s’agissait d’une albumine ou non. Une protéine de 17 kDa, sans homologue connu, a également été trouvée IgE-réactive .
– il n’a pas été retrouvé de réactivité croisée entre Fel d 1 (chat) et un extrait de guépard , contrairement à ce qui a été observé pour d’autres félins dans un cadre professionnel .
Les rongeurs
Du fait de leur petite taille, de nombreuses espèces de rongeurs sont maintenues en milieu clos comme animaux de compagnie. Les réactions allergiques proviennent de l’aérosolisation des allergènes (rhinite, asthme, conjonctivite), du contact direct (dermites), voire d’une morsure par l’animal. Les adultes sont concernés autant que les enfants. La sensibilisation s’établit rapidement après le début du contact avec l’animal.
Rat et souris : ces deux animaux sont abordés plus loin avec les contacts professionnels.
Cet animal est la cause fréquente d’allergie respiratoire, tant en milieu professionnel qu’en environnement domestique. Des réactions sévères sont possibles .
Dans certaines régions d’Amérique du Sud, il est élevé en vue de la consommation de sa viande.
Les allergènes de cobaye sont principalement contenus dans l’urine et/ou déposés sur le pelage par léchage . Il s’agit principalement de 2 lipocalines, Cav p 1 et Cav p 2, partiellement cross-réactives entre elles, et présentant une homologie non négligeable avec d’autres lipocalines: 57% d’identité entre Cav p 1 et Mus m 1 (souris) et 69% entre Cav p 2 et Bos d 2 (vache).
Ces lipocalines sont IgE-réactives chez la plupart des patients : entre 70 et 86% pour Cav p 1, et 55% pour Cav p 2.
Une autre lipocaline, Cav p 3, est présente dans la salive, le pelage et l’urine de cobaye. Son homologie avec d’autres lipocalines est plus faible. Son recombinant a été trouvé positif in vitro chez 77% des patients .
L’albumine de cobaye est rarement trouvée positive et ne semble pas représenter une part significative de l’IgE-réactivité globale de cet animal . Une protéine de 8 kDa a été trouvée positive chez les 2/3 des patients dans une étude .
Ce sont les plus courants des NAC. Ils sont également la cause de sensibilisations en milieu professionnel (laboratoire, magasins d’animalerie). Le hamster nain (Phodopus sungorus) a provoqué des cas d’anaphylaxie par morsure .
Les allergènes des hamsters « classiques » (Cricetus et Mesocricetus) semblent différents de ceux du hamster nain ; et les tests diagnostiques basés sur les extraits commerciaux habituels sont en partie inadaptés pour établir une réactivité vis à vis du hamster nain (cf. tableau plus loin).
Parmi 15 cas d’allergie au hamster nain relevés au Japon, seul un tiers avait un TC positif pour le hamster « classique » .
Hormis une albumine, les allergènes de hamster ne sont pas bien caractérisés. Par exemple une lipocaline, appelée aphrodisine, est présente dans les sécrétions vaginales du hamster, mais son IgE-réactivité n’est pas connue.
Il a été noté une bande IgE-réactive de 21 kDa dans la salive du hamster nain, bande inhibée par un extrait d’acarien D. pteronyssinus . Cette réactivité croisée inattendue a été obtenue avec le sérum d’enfants mordus par leur hamster et allergiques aux acariens. Faute d’une meilleure caractérisation des allergènes en cause, il est difficile d’en déduire que l’allergie aux acariens est un facteur de risque spécifique à prendre en compte concernant la détention de ces animaux. L’atopie est déjà, en soi, un facteur de risque pour l’allergie aux rongeurs.
Les allergènes du chinchilla ne sont pas caractérisés. On peut suspecter des lipocalines car les immunoblots montrent des bandes de 18 kDa et/ou 20-22 kDa dans le pelage et/ou l’urine de chinchilla .
La gerbille
Ce rongeur est susceptible de provoquer une anaphylaxie par morsure . Une bande de 23 kDa a été repérée dans le pelage et dans l’urine de gerbille
Autres rongeurs
Des cas isolés d’allergie respiratoire consécutive à la détention de rongeurs divers ont été décrits, par exemple : gerboises (épithélium, urine) ou écureuil (urines, feces) .
Le tableau ci-après résume les observations d’allergie à ces différents rongeurs : il en ressort une grande hétérogénéité des réactivités simultanées à plus d’un rongeur ou mammifère. L’allergie à un rongeur ne s’accompagne pas toujours d’une réactivité à des animaux aussi courants que le chat ou le chien. Des dissociations de réactivité sont fréquentes entre rongeurs. Elles peuvent concerner des animaux apparemment très proches comme des espèces différentes de hamster.
* Il s’agit de hamster « classique » (Cricetus et/ou Mesocricetus)
Allergies liées à une exposition professionnelle aux mammifères
De nombreuses professions sont exposées à un contact répété avec des mammifères : éleveurs et fermiers, vétérinaires, travail en animalerie (laboratoire, magasin), travail en zoo ou en cirque , travaille de la fourrure , etc..
Les tâches d’alimentation et de nettoyage sont particulièrement exposées. Le contact est parfois indirect, soit par contiguïté (locaux voisins), soit par portage (ex. vêtements).
Le cadre le mieux connu est celui des animaux de laboratoire . La proportion des personnels exposés rapportant des symptômes allergiques varie selon les études (4 à 44%). Les mesures préventives adoptées dans les animaleries depuis quelques années ont amélioré l’incidence de l’asthme mais peu, semble-t-il, celle de la rhinite . La prévalence d’une réactivité cutanée pour les animaux concernés est généralement plus faible.
L’atopie est un facteur de risque en soi, qu’une sensibilisation à d’autres animaux comme le chat ou le chien se soit déjà constituée ou non .
La maladie allergique, une rhinite avec ou sans conjonctivite et/ou asthme, a la particularité de s’établir rapidement après le début du contact professionnel. Souvent en moins d’une année. Les symptômes bronchiques peuvent persister après arrêt de l’exposition si cette dernière a été prolongée.
Pour les animaleries, il faut penser aussi à une exposition concomitante à des acariens .
Parmi les animaux de laboratoire, les rats et les souris sont les mieux connus sur le plan allergologique. Comme les lapins et les cobayes ils peuvent aussi représenter des sources d’allergènes en milieu domestique.
S’agissant des rats et des souris, cette exposition domestique peut provenir d’une infestation des habitations et une enquête par un(e) technicien(ne) de l’environnement intérieur est alors très utile. En France, une étude à Strasbourg a montré l’absence d’allergènes de rat (Rat n 1) et une présence très limitée d’allergènes de souris (2 logements sur 30 avec présence de Mus m 1) . Des résultats très différents ont été rapportés aux USA (cf. plus loin Souris).
Les personnels travaillant les peaux et les fourrures présentent fréquemment un TC positif vis à vis des animaux auxquels ils sont exposés : martre (10%), renard (7%), agneau (7%), vison (5%), etc..
Les allergènes impliqués sont mal définis. Ils semblent présents à la fois dans les pelages et dans les urines pour des animaux comme le renard ou le vison . Une réactivité croisée a été montrée entre chien et vison, qui pourrait provenir d’albumines . Mais cela mériterait d’être confirmé.
Les lapins sont à l’origine de contacts en milieu professionnel (animalerie, ferme), où ils semblent entraîner une sensibilisation relativement fréquente et d’installation rapide .
On trouve des lapins aussi en milieu domestique, notamment des races naines. Un cas d’allergie respiratoire à des lièvres maintenus en captivité a été rapporté .
Une enquête italienne a constaté une prévalence d’environ 2,5% de TC positifs pour un extrait de lapin dans une population consultant pour une rhinite et/ou un asthme . La présence d’un lapin à la maison n’était notée que pour ¼ de ces TC positifs. Et 9 fois sur 10 cette positivité était accompagnée d’une autre réactivité cutanée : en effet, dans la population étudiée, 48% des sujets étaient positifs pour les acariens, 23% pour le chat, 16% pour le chien. La rareté de l’exposition contrastait donc avec la fréquence d’une sensibilisation à d’autres animaux. La présence d’un chat, mais pas celle d’un chien, semblait favoriser la positivité pour le lapin.
On peut donc suspecter une réactivité croisée entre chat et lapin. S’agit-il d’albumines ?
Les allergènes de lapin sont principalement des lipocalines :
– une protéine de 17 kDa, glycosylée, nommée Ory c 1
– et une protéine proche, Ory c 2, homologue d’OBP (odorant binding proteins)
Ory c 1 est trouvé principalement dans la salive et déposé sur les poils. Les extraits de squames sont plutôt représentatifs de protéines sériques, comme l’albumine . Ory c 2 est également présent dans l’urine .
L’albumine joue un rôle probablement mineur. Price estime qu’elle ne se positive que chez les sujets les plus réactifs au lapin . De fait, on peut trouver un TC positif pour un extrait de pelage de lapin avec un TC négatif pour le sérum de lapin . Et, inversement, des cas d’allergie alimentaire à la viande de lapin chez des sujets avec allergie respiratoire au lapin pourraient impliquer l’albumine .
L’activité professionnelle au contact des rats est une cause très fréquente de rhinite, de conjonctivite et parfois d’asthme. Ces symptômes ont une prévalence variable d’une étude à une autre (10-40%). Ils apparaissent rapidement après le début de l’exposition (quelques mois). L’atopie est considérée comme un facteur de risque de sensibilisation professionnelle aux animaux de laboratoire.
Une étude de Lieuter-Colas a montré pour les protéines urinaires de rat une positivité en CAP de 12% parmi 113 sujets exposés . Ce taux était cependant inférieur à la fréquence avec laquelle des symptômes liés au travail étaient rapportés (39%). Les mesures d’endotoxine et d’allergène Rat n 1 en ambiance de travail ne parvenaient pas à justifier cet écart entre symptômes et IgE-réactivité.
Les poussières d’animalerie contiennent des allergènes de sources variées : urines, desquamations, salive . L’urine est considérée comme la cause principale de l’allergénicité du rat . Mais d’autres protéines ont été suggérées participer à la « poussière d’animalerie » : l’albumine, la transferrine et des immunoglobulines sont également considérés comme des allergènes potentiels . L’albumine est positive chez environ ¼ des patients.
Les allergènes principaux du rat sont des lipocalines : Rat n 1.01 (ou « préalbumine ») et Rat n 1.02 (ou « alpha 2U globuline »), parfois dénommés « MUP » en référence aux MUP de souris car également retrouvées dans les urines comme pour la souris . Ce sont 2 isoformes, en partie produites par les glandes exocrines (ex. salivaires) . On retrouve Rat n 1 dans les urines, dans la salive et dans les desquamations.
Les rats mâles produisent plus de Rat n 1. Les MUP ont notamment un rôle de signalement olfactif entre congénères car ces protéines transportent des molécules odorantes .
L’albumine de rat est allergisante . Une bande de 44 kDa est fréquemment IgE-réactive également .
Une étude a suggéré une bonne homologie entre les épitopes T de Rat n 1 et ceux de Bos d 2 (lipocaline de vache) . Cette homologie est cependant insuffisante, dans l’état actuel des travaux, pour affirmer une réactivité croisée T entre ces 2 allergènes.
Par contre, une IgE-réactivité croisée est possible entre urines de rat et de souris , ce qui corrobore la fréquence élevée de positivité in vitro pour rat et souris chez des sujets exposés seulement à l’un des deux rongeurs . Les lipocalines de rat (Rat n 1) et de souris (Mus m 1) ont 65% d’identité .
Une allergie respiratoire est fréquente chez les personnels professionnellement exposés aux souris (10-25%). Si ces données sont connues de longue date, une exposition non négligeable à des allergènes de souris dans un environnement domestique a récemment été soulignée dans plusieurs études aux USA :
– environ 7% des adultes et des enfants présentaient un CAP souris positif dans une étude de Platts-Mills . Une corrélation était notée entre ces réactivités in vitro et les taux d’allergène Mus m 1 dans les habitations. Les taux les plus élevés étaient souvent en relation avec une situation sociale défavorable.
– à Harlem, une autre étude montrait 14% de CAP souris positifs
– la réactivité cutanée pour la souris était plus fréquente si des allergènes de blattes étaient présents dans l’habitation et/ou en cas de TC positif pour le chien
– une relation entre exposition et prévalence de TC positifs pour la souris était observée
Ces données américaines n’ont pas été confirmées en France, la présence de taux détectables de l’allergène Mus m 1 n’étant relevée que dans 2 logements sur les 30 étudiés .
Des allergènes de souris sont présents dans l’urine, les squames, le pelage et le sérum .
Mus m 1 est un complexe regroupant plusieurs variantes appelées « mouse urinary proteins » (MUP) . Mus m 1 est une lipocaline non glycosylée synthétisée dans le foie et un peu dans les glandes exocrines. Mus m 1 représente la majeure partie de l’IgE-réactivité sérique vis à vis de la souris. C’est aussi l’allergène le plus souvent positif .
Comme chez le rat, cette protéine est hormono-dépendante, les souris mâles en produisant une plus grande quantité. Dans les bases de données de séquences, Mus m 1 correspond à la fraction « MUP6 ».
Mus m 2 est une glycoprotéine synthétisée dans les follicules pileux et retrouvée dans le pelage et les squames. Elle est absente de l’urine.
Une albumine est IgE-réactive chez environ 30% des patients. On la trouve dans l’urine et dans le sérum.
Pour le diagnostic, un extrait commercial pour tests cutanés s’est avéré meilleur que le CAP de souris , lequel était également meilleur qu’un recombinant « rMUP8 » . Ceci souligne les limites d’emploi des allergènes purs quand la source d’allergènes qu’ils sont censés représenter est très composite. Mus m 1 est une mosaïque de protéines, l’urine contient d’autres allergènes et un test basé sur un extrait de poils et de squames peut refléter des allergènes synthétisés localement ainsi que des allergènes urinaires (et/ou salivaires) déposés indirectement.
Les grands mammifères
On connaît peu de choses sur les allergènes du porc. Il semble que l’urine soit capable d’allergénicité pour des personnes exposées. L’albumine de porc est un allergène alimentaire impliqué dans le syndrome porc-chat (cf. Allergie aux viandes). Il n’est pas exclu que l’albumine soit aussi un des composants des allergènes aéroportés dans les élevages.
De même pour une lipocaline, à l’instar des autres mammifères. En effet, une étude a montré qu’une lipocaline était synthétisée par les glandes sous-maxillaires du sanglier, un proche parent du porc. Cette lipocaline présente 58% d’identité avec celle du cheval, Equ c 1 .
Un cas d’allergie respiratoire et alimentaire au porc ayant une origine professionnelle (usine de saucisses) a fait l’objet d’une étude minutieuse : il mettait en jeu une réactivité résultant d’une sensibilisation à l’hémoglobine de porc et à l’albumine de chat .
Dans certains pays où les animaux restent en milieu clos une grande partie de l’année du fait des conditions climatiques (ex. Finlande), l’allergie aux bovins représente la cause la plus fréquente d’asthme professionnel généré par le contact avec les animaux .
On connaît plusieurs allergènes chez le bœuf (ou la vache) :
– Bos d 2 est une lipocaline trouvée dans les phanères (sécrétion par les glandes sudoripares ) et l’urine. Elle possède plusieurs isoformes et est positive chez 80-90% des patients , par exemple chez les éleveurs avec un asthme d’origine professionnelle.
– Bos d 3 est une protéine dermique à activité anti-microbienne présentant 63% d’identité avec la psoriasine humaine . Elle est positive chez environ 40% des sujets
– la bovalbumine, Bos d 6, a occasionnellement suscité des cas d’allergie respiratoire chez des personnes travaillant avec cette protéine en laboratoire. Plus généralement, l’albumine bovine est un des allergènes impliqués dans l’allergie à la viande de bœuf et, parfois, au lait de vache. On peut la trouver dans les phanères de vache.
L’allergie au cheval peut s’avérer sévère mais reste rare : moins de 1% des patients consultant un service d’allergologie parisien .
Certains centres du réseau GA2LEN avaient inclus le cheval dans leur batterie de tests : 10% des sujets avaient un TC positif pour le cheval à Helsinki ou Odense, 3% étaient relevés à Vienne et 3,4% à Naples .
Parfois l’allergie au cheval se manifeste par des contacts relativement épisodiques , ou inapparents. Les allergènes de cheval peuvent être transportés par divers vecteurs dont les vêtements.
Parmi 35 patients présentant un TC positif pour le cheval, 19 n’avaient aucune exposition directe ou indirecte avec le cheval . Dans une autre étude, un allergène du cheval, Equ c 4, a été retrouvé dans l’air de logements occupés par des personnes sans contact avec des chevaux, mais dont l’habitation était très proche d’écuries . Ceci étant, dans le même travail, on ne retrouvait pas d’Equ c 4 dans certains logement (9/45) occupés par des personnes ayant un contact au moins indirect avec des chevaux.
La positivité d’un TC pour le cheval est-elle la trace d’une sensibilisation à d’autres animaux ? Dans une étude de population menée en Suède, une forte corrélation était observée entre les positivités de chat et/ou de chien et celle pour le cheval .
Et en CAP, une autre étude suédoise de population trouvait 15% de CAP positifs pour le cheval (23% pour le chat, 20% pour le chien), mais seulement 1% si l’on ne considérait que les sujets mono-positifs cheval .
Une réactivité croisée chat-chien-cheval est donc suspectée. Dans un travail portant sur des patients allergiques au chat, il était par exemple montré que le chat (et le chien) inhibaient le cheval mieux que l’inverse. Et de même pour les albumines .
Les allergènes de cheval sont assez bien connus :
– Equ c 1 est une lipocaline glycosylée de 22 kDa, présentant environ 50% d’identité avec Rat n 1 (lipocaline du rat) . Cette protéine provient du foie et des glandes sublinguales et sous-maxillaires. Elle est retrouvée dans les squames mais aussi la salive et l’urine de cheval . Equ c 1 est positif chez plus de 70% des patients allergiques au cheval .
– Equ c 2 est aussi une lipocaline . Bien que synthétisée dans les mêmes conditions que Equ c 1, elle n’est pas glycosylée. Elle est positive chez environ la moitié des patients
– Equ c 3 est l’albumine du cheval . Cette protéine avait été montrée allergisante dès 1950. C’est donc un ancêtre de l’allergologie moléculaire ! L’albumine de cheval est positive chez environ 20% des patients . Sa relevance clinique est imprécise.
– Equ c 4 est une lathérine. Cette protéine glycosylée de 19 kDa est positive chez environ 30% des patients .
– Equ c 5 (17 kDa, non glycosylé) présente une forte homologie avec Equ c 4 et sa positivité a été initialement évaluée à 77% des patients . Equ c 4 et Equ c 5 sont à présent considérés comme 2 isoformes d’un même allergène. Equ c4/c5 était positif chez 26% des patients dans une étude plus récente . Equ c4/c5 présentent des propriétés surfactantes qui favorisent la dissipation de chaleur par évaporation sudorale . On ne sait pas si ces propriétés surfactantes influent sur le pouvoir allergisant de ces allergènes.
Pour Goubran-Botros, la glycosylation d’Equ c 1 ne présente pas d’IgE-réactivité significative . Mais Bulone est d’un avis différent . Pour cet auteur on pourrait même diviser les patients en 2 groupes : ceux qui reconnaissent Equ c 2 et ceux qui reconnaissent des bandes 27-31 kDa glycosylées et contenant, probablement, Equ c 1 .
Il n’a été décrit que peu de cas d’allergie à la chèvre. Dans un travail colligeant 3 cas d’origine professionnelle (vétérinaires, travail en abattoir), l’allergie à la chèvre était accompagnée de rhino-conjonctivite et/ou asthme à divers mammifères, dont la vache . Squames de vache et de chèvre croisaient.
La nature des allergènes de la chèvre n’est pas précisée pour le moment.
La plupart des cas publiés concernait des adultes exposés professionnellement (éleveurs, gardiens de troupeaux, travail des peaux) ou à l’occasion de la chasse : il s’agissait du cerf , du renne , ou du chevreuil .
Des cas non professionnels ont été parfois rapportés pour le cerf ou pour le daim .
Globalement, les tests cutanés et les tests in vitro sont souvent positifs pour d’autres mammifères, mais sans règle générale : vache, cheval, chat, chien sont parfois positifs, parfois négatifs, selon les patients.
Si les blots montrent la possible présence de lipocalines pour les cervidés (bandes autour de 20-25 kDa), la caractérisation de ces allergènes reste à établir. Des réactivités croisées ont été montrées entre cheval et daim et entre vache et cerf ou renne. Elles sont à confirmer.
Les réactions croisées entre mammifères
Les réactions croisées entre chat et chien sont exposées ailleurs (cf. Chat et chien). De même celles entre les « phanères » de mammifères et les aliments comme le lait ou la viande (cf. Laits ; cf. Allergie aux viandes).
Les différentes combinaisons de RC entre tel animal et tel autre ne sont pas couvertes par les travaux menés jusqu’à présent : il faudrait étudier, en plus du chat et du chien, une quinzaine d’autres mammifères. De surcroît, quand une étude a été réalisée, le nombre des patients testés était souvent très restreint. Les connaissances sont donc fragmentaires.
Une tendance peut cependant être avancée :
– entre chat ou chien et rongeurs : des RC ont lieu par le truchement d’albumines plutôt que du fait de lipocalines
– entre chat ou chien et grands mammifères : si des RC ont été remarquées avec le cheval, elles étaient absentes pour des cervidés comme le cerf ou le daim. La relation entre Fel d 4 (lipocaline du chat) et cheval ou vache mériterait d’être confirmée ; elle n’a pas lieu pour les lipocalines de chien
– entre rongeurs : une RC semble possible entre urines de rat et de souris. Le cobaye pourrait être à part.
– entre grands mammifères : des RC sont vues entre la vache et d’autres bovidés (cerf, chevreuil, chèvre) qui sont plutôt négatives entre cheval et bovidés
– entre grands mammifères et rongeurs : albumines plutôt oui, lipocalines plutôt non
– trop peu d’études pour le lapin
Voir aussi : Les lipocalines
Mammifères et CCD
(voir aussi: Les CCD)
Les IgE reconnaissant les glycannes complexes des végétaux (ou des venins d’hyménoptères) sont peu aptes à créer une réactivité de type CCD avec les protéines glycosylées des mammifères . En effet, les chaînes glucidiques de ces dernières ne possèdent pas des sucres dont la nature (ex. xylose) ou la position (ex. fucose proximal en 1,3) est favorable à une réactivité croisée avec les « CCD classiques ».
Cependant, des travaux récents ont bouleversé différentes notions (cf. Le "syndrome alpha-Gal":
- des IgE peuvent reconnaître des structures glucidiques de mammifères
- ces structures glucidiques sont croisantes, définissant une nouvelle catégorie de CCD
- et ces CCD ont même une relevance clinique, contrairement aux "CCD classiques" des végétaux et des venins d’hyménoptères ...