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La châtaigne
Wednesday 14 April 2010, by
Cet aliment est consommé de façon variable selon les pays.
Par exemple, la châtaigne représente la 3e cause d’allergie alimentaire en Corée. Et dans une série de patients portugais allergiques au latex, la châtaigne arrive devant la banane ou l’avocat .
En France, le Réseau d’Allergo-Vigilance a noté l’inverse : 4 cas pour la châtaigne contre 8 pour l’avocat et 8 pour la banane (cf. tableau des déclarations du RAV).
Classiquement, la châtaigne est rattachée au "syndrôme latex-fruits" (cf. latex et aliments). Mais d’autres étiologies sont possibles comme en témoignent les cas d’allergie à la châtaigne sans allergie au latex (8 cas/15 dans la série de Rico ).
La châtaigne peut d’abord se distinguer du kiwi, de l’avocat, etc… sur le plan botanique : l’aliment est ici constitué de la graine et non d’un mésocarpe. En ce sens la châtaigne serait plus proche de la noix ou de l’arachide.
Par exemple, parmi 8 patients positifs en TPODA pour la châtaigne, une étude a montré que 2 étaient TPODA positifs pour la noix et 1 pour le tournesol .
De fait, en plus de sa chitinase Cas s 5, la châtaigne renferme une LTP allergénique (Cas s 8) comme beaucoup d’autres graines.
La châtaigne pourrait aussi contenir une PR-10 IgE-réactive à l’image du couple noisette-noisetier (Cor a 1.04 et Cor a 1.01). Une réactivité croisée châtaigne- châtaignier a été notée , faisant supposer une sensibilisation à la châtaigne induite par ce pollen, lequel contient comme le bouleau et le noisetier une PR-10 (Cas s 1).
Cette communauté moléculaire au sein des Fagales pourrait expliquer aussi l’observation d’une réaction croisée châtaigne-gland de chêne même si les allergènes homologues ne semblent pas être des PR-10.
D’autres protéines pourraient avoir un rôle dans l’allergénicité de la châtaigne, au premier rang desquels une profiline qui n’a pas été identifiée IgE-réactive pour le moment.
Une étude récente apporte pourtant crédit à une profiline IgE-réactive dans la châtaigne . Parmi 19 patients positifs in vitro pour la châtaigne et le latex, 6 s’avéraient mono-réactifs à Hev b 8 (profiline du latex). Ce qui est une observation peu courante.
De plus la châtaigne inhibait le latex chez ces sujets mais pas chez ceux qui, classiquement, étaient positifs pour Hev b 6.01 (pro-hévéine).
En analysant les résultats de cette étude, on peut remarquer que les patients qui avaient une histoire clinique positive pour la châtaigne (n=10) pouvaient être séparés en 2 groupes très distincts,
– soit réactivité pour Hev b 8 et syndrome oral,
– soit réactivité pour Hev b 6.01 et angio-œdème ou anaphylaxie.
Cette cohorte rassemblait donc 2 étiologies : des sujets avec syndrome latex-aliment et des sujets avec sensibilisation profilinique (très vraisemblablement d’origine pollinique). La profiline pourrait donc avoir une relevance clinique pour la châtaigne chez certains patients.
Une cystatine est présente et rappelle qu’une autre cystatine est un allergène dans le kiwi (Act d 4).
Enfin une chitinase de classe 2 a donné des résultats contradictoires , mais globalement ne semble pas avoir d’impact allergénique.
La question principale au sujet de la châtaigne reste donc la part prise par la LTP Cas s 8 dans les réactions cliniques et dans l’origine de la sensibilisation à la châtaigne.
La dissociation châtaigne-latex a été repérée avant tout en Espagne :
- sur 14 tests cutanés positifs châtaigne, seulement 2 sont positifs pour le latex
- parmi 22 patients allergiques à la châtaigne (TPODA ou anaphylaxie) seulement 59 % des tests cutanés sont positifs pour le latex .
Du fait de l’environnement pollinique particulier (absence de bouleaux, importance des sensibilisations aux herbacées), le rôle d’une sensibilisation pollen-induite a été évoqué. Au premier rang des pollens incriminés vient l’armoise, celle-ci possédant une LTP allergénique (Art v 3) :
- 100 % de tests cutanés châtaigne positifs si armoise positive
- 11 sujets/12 positifs pour la LTP de châtaigne (Cas s 8) en même temps que 10/12 avec un test cutané armoise positif .
Il a donc été retenu comme plausible un effet de la sensibilisation à l’armoise sur la réactivité à la châtaigne à travers des LTP .
Cela va-t-il jusqu’à une allergie pollen-induite comme pour la pomme et le bouleau ?
Il est difficile d’en décider car, dans le même temps, la "pression allergénique" de la pêche est certaine dans un pays comme l’Espagne. Ainsi, Blanco trouvait aussi que tous les sujets positifs Cas s 8 étaient sensibilisés à la pêche .
Au total, le rôle des pollens contenant des LTP (armoise, olivier, platane) n’est peut-être qu’additionnel à celui de la pêche (et/ou des fruits sensibilisant aux LTP).
La sélection des patients positifs (voire allergiques) à la châtaigne parmi des sujets LTP+ peut simplement résulter d’un état atopique plus prononcé, boostant des réactivités habituellement non décelables.
Au niveau du diagnostic in vitro, on ne possède pas pour le moment d’allergène purifié ou recombinantde châtaigne en routine.
Il faudra se méfier des CCD. Par exemple, dans une étude japonaise sur l’arachide, un CAP châtaigne positif était vu chez 2 des 10 enfants allergiques à l’arachide contre 6 des 7 enfants avec un CAP arachide positif mais non allergiques à l’arachide .